Parti tôt le matin de Grenoble, chargé comme une mule avec environ 30kg de bagages, j'emprunte la digue de l'Isère jusqu'à St Gervais, où elle s'arrête. Mon objectif ? Plateau d'Ambel, où j'espère planter ma tente pour y bivouaquer.
J'ai écrit sur mon site que l'on pourrait aller jusqu'au bout du monde avec un vélo couché. Le Plateau d'Ambel étant l'un des bouts du monde, je souhaite vérifier ma théorie.
Donc, de Saint Gervais, Vinay, Saint-Romans, Saint Juste de Claix, et me voilà rentré dans le Royans par Saint Thomas en Royans. Puis Saint Jean en Royans, Oriol en Royans. Ici, j'arrive plus tôt que je l'avais prévu, il faut dire aussi que j'ai bien roulé puisque ma moyenne est de 27 km/h, et que je n'ai que 75 km au compteur… mais ça va changer. Avant la côte, je mange donc un peu à Oriol, sous l'église il y a une table de pic-nic avec des peupliers, c'est sympa (photo 6). Je me lance ensuite dans la longue mais douce côte qui me ménera à Léoncel, où je prendrait quelques minutes de repos devant l'abbaye.
Mais il est temps de monter le col de la Bataille, 7-8% c'est cool, pas trop de voitures si ce n'est les gens qui vont au concours de pétanque au Grand Échaillon. Arrivé au col, je croise un anglais en config rando sur un VD avec qui je discute, il a deux tricycles Greenspeed chez lui, il a mis des sièges Optima parce qu'il aimait pas le siège en toile d'origine. Je remarque qu'il a la même pompe à vélo que moi (Zefal HP3), des sacoches Ortlieb, le nez qui coule dans ses moustaches, qu'il est fatigué… Puis il va vers des motards stationnés au col pour qu'ils le prennent en photo. J'en fait autant, on discute 5 minutes (comme avec tous le gens que je croise, d'ailleurs)
Et du col, je repart vers Ambel. Bien sûr, du col de la Bataille, il n'y a qu'un pas ! Mais en vélo un pas peut être long ! Au début, chemin (photo 15)
dans les cailloux ça dérape un peu, je manque de tomber plusieurs fois, mais non, je ne dégonflerai pas mes pneus ! Puis vient le chemin d'herbe. la galère commence. Quand le chemin est bien tracé, ça va. Sinon, de mottes en mottes, le vélo saute, je perd l'équilibre, manque de tomber. Ça descend raide. Très raide. Je descend du vélo pour soulager les freins que j'ai changé la veille. Puis ça monte. Raide, très raide. Si encore il n'y avait pas ces bosses, ces mottes, je pourrais pousser sans trop d'efforts !
Je croise un garde. On discute. Il me dit qu'on ne peut pas camper sur le plateau, seulement à proximité des refuges. Dans ce cas, autant dormir dans le refuge. Bon tant pis on continue, on verra plus tard. Le refuge de Tubanet est tranquille d'après ce que j'ai lu. J'irais donc dormis là-bas.
Je continue donc mon ascension vers la Tête de la dame, en poussant mon vélo, en pédalant parfois…
Après plus d'1H30 d'efforts et de discussions avec les passants, j'arrive à la Tête de la Dame. Mon objectif est donc atteint ! Petite photo, quand même, pour marquer le coup. Je viens donc de vérifier que le vélo couché peut nous emmener au bout du monde ! C'est presque vrais, si on fait l'impasse sur la grosse heure où j'ai poussé mon vélo !
Mais l'histoire ne s'arrête pas en haut d'une montagne, il faut redescendre ! Pour faire le tour du plateau, ll convient, puisque je suis arrivé par l'ouest, de repartir par l'est… Donc, face à moi, vers l'est, une pente cahoteuse, raide, très raide (photo 18). Mais j'y vais. D'abord sur le vélo, puis à coté. Plus bas, je vois que la route… heu… le chemin… heu… la piste ne m'emmène pas où je veux comme sur la carte. j'aperçoit un panneau indicateur (en bois avec les plaquettes jaunes, pas un panneau routier) à ma gauche et j'en déduit qu'il est sur la non-piste du refuge. Je coupe donc à travers champs, passe les barrières, etc… je fini par me retrouver au milieu du Plateau d'Ambel. Je range mon fanion pour ne pas exciter les vaches, on sait jamais, un fanion orange vif qui s'agite au vent… je fini par sortir du parc, après bien des galères à travers champs, de l'herbes, des mottes, des joncs.
J'arrive au refuge enfin, juste 200 m de chemin en presque bon état, le rève ! je rentre dans le refuge : personne dedans ; en fais le tour dedans, sort et fais le tour par l'exterieur. Je rentre mon vélo, j'y vide mon sac. Problème : Si j'ai bien fait le plein à Oriol de ma poche à eaux de 2,5 litres, j'ai bu tout ce qui me restait en m'éreintant sur le plateau d'Ambel en plein cagnard. Donc plus d'eau. Je refais le tour de la baraque, tous les refuges on une source. Je la trouve. Elle a de particulier qu'il n'y a pas d'eau qui coule. Je décide dont de rejoindre l'autre refuge, la Ferme d'Ambel. Sur ma carte c'est marqué GR, ce qui veut dire que c'est pas un chemin fait pour le vélo couché "tous chemins", surtout avec 30kg de bagages dessus. Au début, dans les sous bois, j'évite les racines en descendant vers le fond de la vallée d'Ambel. Je re-rentre dans le parc des vaches, et je vois devant moi une montée, abrupte, avec pour chemin les trous des pieds des vaches. Je vérifie le balisage, c'est bien le GR… Galère galère, je pousse, tire, porte, il faut monter environ 200m comme ça. Enfin, j'arrive en haut de la bosse, où je sort du parc, chic, plus de trous de pied de vache ! Et je redescend vers le plateau sur un chemin presque carrossable (photo 22). j'arrive ainsi au refuge d'Ambel (indiquée Ferme d'Ambel sur les cartes).
Où il y a du monde…
À peine arrivé, deux gosses m'assaillent ! Je rentre le vélo dans l'enclos. Il y a du monde. Il y a 6-7 jeunes qui viennent faire la fête en chantant avec une guitare. Il y a aussi une famille qui se promène sur 2 jours avec une ânesse, Papillon.
Et quelle ambiance !
On partage, j'ai pas grand chose à partager, mais on partage, ils m'offrent des boissons chaudes, un peu de vin.
La soirée passe sur fond de guitare, chants et… dodos
Complètement claqué, après 5H environ de route, et 3H à pied, épuisé par ces 10 derniers km, le tour du plateau d'Ambel.
je dors. Mal, mais je dors.
Au petit matin, je sort profiter du soleil qui se lève sur le refuge d'Ambel. Vraiment un site merveilleux !
Puis vers 8h, je part. Dans le chemin qui m'amène à la route je fonce à 25-30km/h, et la roue avant saute, je chute. J'avais pensé à prendre mon kit de réparation des bobos, ainsi que mon tube de Vegebom (le fameux ;). Nettoyage, pansement. Mon genou est douloureux, mais il faut bien que je continue ! Je passe le détailles sur mon guidon qui s'est tordu…
Je reprend la route, qui monte, qui descend, qui monte, qui descend… Fond d'Urle, Chapelle en vercors, les Baraques en Vercors, Saint Martin en Vercors. Ici, en faisant le plein de ma poche à eau, un cycliste m'indique la route touristique qui passe au dessus de la plaine d'Herbouilly, plus jolie, moins fréquenté par les voitures, et avec la pente régulière de 7-8% sur 7 à 8 km… Une heure de montée, où je discuterai avec des cyclos qui me doublent où que je double…
Puis Villard de Lans, où je casse la croûte, Lans en Vercors puis Grenoble… Ouf !
220km en 2 jours, dont 15km en 3H sur le plateau d'Ambel.
Probablement une des plus belles randos que j'ai faites. Dure, très dure ! Le vélo est réviser, les freins à changer, il y a du jeu, etc… le cycliste est à réviser, genou à changer, coups de soleil, etc…
Et ce soir, dimanche 15, je me couche tôt, car demain… boulot ! Cette évasion n'aura durée que 2 jours, 2 jours qui auront duré bien lontemps !
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Cette rando faisait 220km et s'est déroulée le 14 & 15 juillet 2007 .