Accueil / Randonnées à Vélo / 6 au 8 aout 2007 : De Grenoble à Tuchan 35

JNZ De Grenoble à Tuchan en Vélo couché

Grenoble, lundi 6 août, 7H : l'heure du départ. L'orca est chargé, prêt à rouler. Déjeuné dans le ventre, J'emprunte la piste de Grenoble à Saint Gervais, cette éternelle porte de la liberté. Direction le sud, à 600 km de Grenoble.
Je passe à Saint Nazaire en Royans, puis je file sur Chabeuil, qui est une jolie ville, mais faite pour les touristes, pas pour les cyclotouristes qui roulent à l'éco-2007. Je mange rapidement, puis je continue. Je roule plein sud. je descends la Drôme, puis la Drôme Provençale. J'aime passer dans les petits villages, où l'eau coule dans les fontaines de la place centrale, où les vieux me regardent comme un extra-terrestre et où l'ambiance est plus authentique. Arrivé vers Grignan, je m'y perds. J'interpelle donc deux cyclos qui ont l'aire de mieux connaître que moi le coin. C'est un père et son fils qui font un ch'tit tour comme ça. Ils m'accompagnent et me montrent la route jusqu'à Visan. Donc, descendant plein sud, j'arrive près de Carpentras, où je décide qu'il est temps de m'arrêter pour la journée. C'est que mon compteur affiche 200km, qu'il est 18h et que j'ai roulé presque 9H à 23 de moyenne. Je guette donc les casots où bien un coin tranquille pour planter la tente. Vers 18H15 je trouve un casot abandonné pas loin de la route, au milieu des vignes de Beaume de Venise.
J'y gare le vélo, je mange et je me pieute. À travers les tuiles cassées, je vois le ciel de la nuit. À travers la porte défoncée, je vois les vignes. Toute la nuit j'entends des bébêtes qui grattent autour de moi, des rongeurs sans doute. Tôt le matin, c'est à dire 6H50 je mange une tranche de pain sec, et je file à Avignon. Rien à dire, route facile et tranquille, jusqu'à l'immense muraille qui entoure la vieille ville. Je trouve un bar dans une place piétonne, et j'y prends un chocolat chaud avec deux croissants.
Tarascon, Arles, puis j'attaque la Camargue. Ha, cette Camargue ! "On" m'avait dit que c'était joli, j'ai donc voulu aller voir. Ce que j'ai vu ? une route toute droite avec un talus de chaque côté, et des champs sans aucuns intérêts. Je suis arrivé à Salin de Giraud, et je me demande bien ce que je suis allé faire là-bas. Histoire de voir un peu plus, j'ai continué la route vers le sud sur quelques km, où j'ai été interpellé par un ingénieur en électronique qui n'avait jamais vu de vélo couché, puis j'ai fait demi-tour.
Si à l'aller j'avais le vent dans le dos, au retour, j'avais le vent de face, logique. Je me cale donc à 23-24km/h et je bénéficie quand même de l'avantage du vélo couché, cet aérodynamisme qui nous fait avancer plus vite, au moins sur le plat. De km en km, j'arrive à Aigues-Mortes, et là, que vois-je ? un bouchon ! Des touristes viennent s'entasser par milliers dans des hôtels ou des campings d'Aigues-Morte à Palavas. Une départementale est une 4 voies, l'autre un boulevard de touristes. Ce n'est que béton, 4x4 et pièges à touristes - tousrichtes comme dit Matthieu Monceau. Tous les panneaux m'envoient vers la route 4 voies, impossible de trouver la route tranquille.
Comme je ne suis pas un bon touriste, je ne suis pas habitué à cet environnement hostile. Perdu, énervé, atrabilaire je dirai même (!). J'en oublie de boire.
Enfin, j'arrive à Villeneuve les Maguelons, où je sors du mur de la Méditerranée, rempart contre les sans-sous ?
À 21H, Je trouve un coin au fond d'un chemin pour y planter ma tente, ou j'y dormirais profondément, après 11H de route et 256 km à 23 de moyenne, malgré mon égarement dans le labyrinthe touristique.
Au petit matin du mercredi, je mange une tranche de pain sec, je plie la tente et je pars. Je roule en regardant un levé de soleil au dessus de la mer. J'arrive à Sète où j'y déjeune, 2 croissants et un chocolat chaud. Puis je file à Agde, ou je sens mes chevilles et mes genoux douloureux. J'arrive avec peine à Agde, où je fais le bilan : deux tendinites jambe droite, deux tendinites jambe gauche, les deux genoux et les tendons des talons, plus deux au dessus du pied qui pointent le bout de leur nez. Je n'avais pas bu assez hier dans l'après-midi, je ne peux m'en prendre qu'à moi !
Je décide donc de prendre le train jusqu'à Narbonne, en espérant que ça passe un peu. Je masse mes tendons avec du Vegébom, mais c'est insuffisant. C'est donc dans la souffrance que je repars de Narbonne vers Tuchan, sur la route des Corbières. 15 km après le départ, ma moyenne est de 15 km/h. j'ai si mal à la jambe droite que je l'ai posée sur la bôme, je pédale avec une jambe. Arrivé à Thézan des Corbières, je décide d'arrêter mon périple et d'appeler mes hôtes à Tuchan, qui viennent me chercher.
Je me repose quelques jours et remonte en train à Grenoble, avec ma fille, qui était le but de ce voyage, tout de même !
J'ai comme un arrière-goût de pas finis au fond de la gorge, un sentiment de loupé. La route des Corbières m'attend, je reviendrais en partant de Narbonne. Et là, loin des touristes, du béton et des 4x4 urbains, je pourrais rouler calmement, doucement, redécouvrir ce pays sec baigné de Fitou et de Ranciot.
Vous pouvez télécharger le parcours pour le visualiser sous GoogleEarth (archive ZIP) Attention, le parcours n'est pas exact, il donne cependant un bonne idée des endroit passés. Quelques erreurs ont été glissées par le robot traceur, et d'autres par moi. Quand j'aurais un GPS, ça ira mieux ;-)
Cette rando faisait 540 km et s'est déroulée le le 6, 7 & 8 aout 2007.